Le coworking, ou travail partagé, est un phénomène qui prend de l’ampleur et vient perturber les codes traditionnels du marché immobilier commercial. Cette nouvelle forme d’organisation du travail, qui consiste à partager un espace commun avec d’autres entrepreneurs ou salariés, fait évoluer la demande en matière d’immobilier professionnel. Quel est l’impact du coworking sur ce secteur ? Comment les acteurs traditionnels s’adaptent-ils à cette nouvelle donne ?
La montée en puissance des espaces de coworking
Depuis quelques années, le nombre d’espaces de coworking ne cesse de croître dans le monde entier. En France, on compte aujourd’hui plus de 1 800 espaces dédiés au travail partagé, soit une progression de près de 20% par rapport à l’année précédente. Le succès des géants du secteur comme WeWork, qui revendique près de 800 000 membres dans 120 pays, illustre bien cette tendance.
Cette montée en puissance s’explique par plusieurs facteurs : la volonté des entreprises d’optimiser leurs coûts immobiliers, l’évolution des modes de travail vers plus de flexibilité et la recherche d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Les espaces de coworking répondent ainsi à une demande croissante pour des solutions d’hébergement professionnel plus souples et adaptées aux nouveaux usages.
L’impact du coworking sur le marché immobilier commercial
Le développement rapide des espaces de coworking a un impact direct sur le marché immobilier commercial. Tout d’abord, la demande en matière de bureaux classiques tend à diminuer, au profit des espaces partagés. Les entreprises recherchent désormais davantage de flexibilité et d’adaptabilité dans leurs locaux, ce qui pousse les propriétaires à repenser leur offre.
Cette évolution se traduit également par une modification des critères de choix pour les locataires. Les espaces de coworking mettent en avant des services annexes tels que l’accès à des salles de réunion, des espaces détente ou encore des animations et événements professionnels. Ces éléments deviennent ainsi incontournables pour attirer les entreprises et répondre à leurs besoins.
Enfin, le coworking contribue à modifier la géographie du marché immobilier professionnel. Les espaces dédiés au travail partagé se développent aussi bien dans les grandes villes que dans les territoires moins urbanisés, offrant une alternative aux zones d’activité traditionnelles. Cette tendance favorise ainsi la redynamisation de certains quartiers et la création d’un écosystème entrepreneurial plus diversifié.
Les acteurs traditionnels face au défi du coworking
Face à cette nouvelle donne, les acteurs historiques du marché immobilier commercial doivent s’adapter et repenser leur offre. Certains décident ainsi de se lancer sur le créneau du coworking en proposant eux-mêmes des espaces partagés. C’est notamment le cas de Bouygues Immobilier, qui a lancé en 2017 sa propre marque de coworking, Nextdoor, aujourd’hui renommée Wojo.
D’autres acteurs, comme les foncières ou les gestionnaires d’actifs immobiliers, choisissent de s’associer avec des opérateurs spécialisés dans le coworking pour développer une offre commune. Ces partenariats permettent de mutualiser les compétences et de répondre plus efficacement aux attentes des entreprises en matière de flexibilité et de services associés.
Enfin, certains professionnels du secteur s’attachent à repenser l’aménagement intérieur des bureaux pour offrir davantage de modularité et favoriser les échanges entre collaborateurs. L’objectif est alors de créer des espaces hybrides, combinant travail individuel et partagé, afin de répondre aux différents besoins des salariés.
Le coworking, une tendance amenée à perdurer ?
Si le développement rapide du coworking peut laisser penser que cette tendance est appelée à perdurer, certains experts estiment toutefois que le marché pourrait connaître un essoufflement. En effet, la multiplication des espaces dédiés au travail partagé pourrait entraîner une saturation et une concurrence accrue entre les différents opérateurs.
Toutefois, il semble que le coworking ait durablement modifié les attentes des entreprises en matière d’immobilier professionnel. La recherche de flexibilité et d’adaptabilité devrait ainsi continuer à orienter les choix des locataires et pousser les acteurs traditionnels à innover pour répondre à ces nouveaux besoins.
Quoi qu’il en soit, le coworking a clairement bouleversé les codes du marché immobilier commercial et incite l’ensemble des acteurs à repenser leur offre pour s’adapter à cette nouvelle donne. Reste à savoir si cette tendance se confirmera sur le long terme ou si elle évoluera vers de nouveaux modèles d’organisation du travail.